03/11/2025 francais.rt.com  4min #295292

«Pour nous, c'est mieux qu'il se taise» : Macron, ce président isolé jusque dans son propre camp

© Nicolas Economou/NurPhoto Source: Gettyimages.ru

Emmanuel Macron, président de la République française, le 23 octobre 2025 [Photo d'illustration].

Miné par une impopularité record, Emmanuel Macron ferait face à une défiance au sein même de son gouvernement, à en croire des déclarations ébruitées ce 3 novembre par Le Parisien de ministres lassés de ses interventions.

Emmanuel Macron serait-il isolé au sein même de l'exécutif français ? C'est ce que laisse supposer  un article du Parisien, publié ce 3 novembre, qui se demande si Macron ne serait pas un président « devenu totalement hors-jeu ».

Le quotidien évoque notamment le « débat » que le président français entendait lancer, sur les dangers des réseaux sociaux sur la démocratie, à l'occasion d'un évènement à l'Élysée « passé sous les radars médiatiques ».  Organisé le 28 octobre au palais présidentiel, celui-ci aurait ainsi été éclipsé par « une autre réunion » : celle de la commission d'investiture de Renaissance, qui a sacré Pierre-Yves Bournazel, député Horizons - parti d'Édouard Philippe -, pour briguer la mairie de Paris en 2026.

« Le chef de l'État, pro-Rachida Dati, n'a pas réussi à imposer sa candidate... à son propre parti », a souligné le quotidien. Ce dernier revient également sur l'épisode de la « suspension » de la réforme des retraites. Celle-ci a été approuvée en commission à l'Assemblée nationale après la proposition de Sébastien Lecornu afin de tenter de sauver son gouvernement dans un hémicycle où le camp présidentiel n'est plus majoritaire.

Le Parisien braque ainsi les projecteurs sur la séquence du 21 octobre où, depuis la Slovénie, Emmanuel Macron contredit Sébastien Lecornu affirmant qu'il n'y avait « ni abrogation, ni suspension » de la réforme des retraites, mais seulement un « décalage » d'une « échéance ». Déclaration qui avait provoqué l'ire de l'opposition. « Quelques heures plus tard, à l'Assemblée, son Premier ministre confirmait la "suspension" », relate Le Parisien concernant ce président doublement « contredit » par son propre camp.

Auprès du quotidien, les déclarations (anonymes) de ministres sont sans ménagement à l'égard du chef de l'État français. « Il a fait un choix de recroquevillement qui signe la fin du macronisme », a notamment lancé l'un d'eux. Ce dernier estime toutefois que Macron « n'est pas hors-jeu [...]. C'est juste qu'il ne peut plus jouer, car personne ne veut qu'il rentre sur le terrain, au risque de se faire siffler ».

La popularité de Macron au fond des sondages

« Sur la politique nationale, je lâche le manche», leur aurait d'ailleurs promis Emmanuel Macron. « Enfin, répliquent en chœur ses ministres. "Pour nous, c'est mieux qu'il se taise. Pourquoi est-il venu contredire Lecornu ? Il veut quoi ? Une censure et une dissolution ?" s'emporte l'un d'entre eux », peut-on encore lire.

De son côté, le président français serait « conscient que sa parole parasite l'action de son gouvernement », rapporte le quotidien, et « se refuse à intervenir dans les débats parlementaires » à l'exception de « certains aspects budgétaires » qui « entrent dans son pré carré ». En l'occurrence, poursuit le média, la taxation des Gafam, dossier sur lequel il « reste dans les boucles », a confié au quotidien un conseiller de l'exécutif, ainsi que les Armées, rare ministère dont le budget devrait sensiblement progresser en 2026.

Ce portrait d'Emmanuel Macron, dressé à grand renfort de déclarations ministérielles, paraît au moment où l'impopularité de l'actuel président français flirte avec celle de son prédécesseur François Hollande. Selon le  baromètre Verian pour Le Figaro Magazine, publié le 30 octobre, la « cote de confiance » d'Emmanuel Macron s'est effondrée à 11 %, « soit un niveau qu'il n'avait jamais atteint » avec cinq points de perdu en l'espace d'un mois. « Nicolas Sarkozy n'était jamais tombé sous la barre des 20 % », a souligné à ce sujet Le Parisien.

Une impopularité dont, visiblement, se contenterait le président français. « En privé », relate le média, « Emmanuel Macron fait régulièrement remarquer que d'autres dirigeants européens, pourtant installés plus récemment, dévissent aussi dans leurs pays, à l'image du Premier ministre britannique Keir Starmer et du chancelier allemand Friedrich Merz ».

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